Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Bou Baghla n'a pas épousé Lalla Fathma et Cheikh El-Haddad n'est pas marabout

Publié par Aziz Sadki sur 26 Août 2012, 19:48pm

Catégories : #L'observatoire du XIXème siècle algérien

BOU BAGHLA N’A PAS ÉPOUSÉ LALLA FATHMA

ET CHEIKH EL-HADDAD N’EST PAS MARABOUT

 

En lisant l’ouvrage de l’historien et éditeur Pierre Vallaud, La Guerre d’Algérie, Paris, Acropole, vol. 1, 2005, 160 pages ou La guerre d’Algérie. De la conquête à l’indépendance, 1830-1962, Paris, Acropole Belfond, réédition 2012, 316 pages, il convient de revenir sur deux assertions anciennes, mais controuvées :  

 

1)     Page 32 : Le chérif Bou Baghla (Bû Baghlâ) n’a jamais épousé la maraboute Lalla Fathma. Tous deux se sont bien connus et ont dirigé la résistance contre la conquête française en Kabylie. Ayant précocement rompu de fait avec son mari, elle a constamment résisté aux pressantes sollicitations de mariage de ses nombreux prétendants. Du reste, son mari ayant refusé de la délier du mariage, elle ne pouvait se remarier (voir la remarque ci-dessous, commentaire n° 1). Elle a tenu à garder sa position, qui lui donnait d’ailleurs une grande liberté, spécialement dans ses années de jeune femme. Telle position est parfaitement exceptionnelle à l’époque, pour une personnalité de cette envergure. Elle lui a donné une grande latitude, tant dans sa vie de femme, que dans l’action publique et politique. Son statut de veuve, à part entière, n'interviendra que sur le tard, à la mort de son mari.

 

 

2)    Page 49 : Cheikh El-Haddad (Shaykh al-Haddâd), du village de Seddouk, chef de la confrérie Rahmâniyyah  en Algérie et un des principaux chefs de l’insurrection de 1871 en Kabylie n’a jamais été marabout. S’il avait vécu à une époque plus ancienne et en dehors de la conquête française, lui, sa famille et ses descendants auraient pu à la longue devenir des marabouts. C’est un processus qui d’ailleurs était en train de se faire : mais il n’a jamais abouti. La plupart des Kabyles ne l’acceptaient pas, encore moins les familles réputées maraboutiques. Son arrestation, sa défaite et sa mort (en prison à Constantine), ainsi que l’élimination politique de ses deux fils M’hammad (qui meurt à son tour, assez rapidement) et ‘Azîz (ce dernier est condamné à l’exil définitif) par les Français ont cassé le processus. De plus, lors des décennies d’après-guerre, les rancœurs croissantes – nombre de Kabyles le tiennent pour responsable des grands malheurs qui se sont abattus sur eux  – ne plaidèrent pas en sa faveur, quand bien même beaucoup lui conservèrent une grande affection mémorielle. D’ailleurs, dans les zones où elle s’est consolidée, la colonisation française a empêché tout processus de création de lignage maraboutique nouveau, lié à l’émergence de figures de la sainteté, dans des milieux où les familles sont connues. Les seules possibilités sont isolées : elles correspondent, soit à des « usurpations » maraboutiques, soit à des « flous » identitaires, utilisés par des individus étrangers, pour lesquels il était impossible d’en contrôler la « véracité ». Le qualificatif de marabout, attaché à Cheikh El-Haddad, procède de la confusion alors assez généralement répandue dans les écrits français et qui enveloppe tout homme d’importance, particulièrement s'il est revêtu d’un caractère religieux. En revanche, El-Haddad jouit de longue date du titre de shaykh.

Aziz Sadki

mis en ligne le 26 août 2012

modifié le 2 décembre 2012

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents