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HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - Le général Camou

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 30 Janvier 2013, 00:23am

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

 

 

a) "Le brave général Camou"

Le "brave général Camou", ainsi aimait à l'appeler son ami Bosquet. Jacques Camou est né à Sarrance, dans les Basses-Pyrénées, le 1er mai 1792. Il s'engage, dès l'âge de 16 ans, en 1808, comme soldat au 1er bataillon des chasseurs de montagne des Pyrénées, participant à la campagne d'Espagne. Licencié en juin 1810, il reprend du service l'année suivante, comme sous-lieutenant au 35e léger, et se retrouve en Corse et à l'île d'Elbe. Lieutenant le 10 avril 1813, il est blessé et fait prisonnier en Illyrie, en septembre, au combat de Saint-Hermagor. La Restauration le met en non-activité. En août 1817, il intègre la légion des Basses-Alpes et prend part à la campagne d'Espagne de 1823, date à laquelle il est promu capitaine. Il fait son premier passage en Afrique, en 1830-1831, comme capitaine de grenadiers. Le 29 septembre 1837, il est fait chef de bataillon au 4e de ligne, puis lieutenant-colonel au 3e léger en 1841. Il commence alors son deuxième passage en Algérie qui le mènera jusqu'en 1854, où il sera appelé à prendre part à la guerre de Crimée. Le 14 avril 1844, il est colonel au 28e de ligne, puis en 1845 au 33e de ligne, avant d'être nommé, quatre ans plus tard, général de brigade le 25 avril 1848, à la tête de la subdivision de Miliana, qu'il conserve encore au moment d'affronter les Ouzellaguen. Du Barail disait de lui qu'il était apprécié de ses hommes et considéré par Bugeaud, lui-même, "comme un de nos meilleurs généraux futurs". Il prit une part remarquée au siège de Zaâtcha.

Le travail sur la personnalité et le rôle de Camou en Algérie reste à faire. Il apparaît d'emblée comme un vieux soldat de la guerre d'Afrique, devenue sans surprise pour lui. Il est pour un peu le très bon élève de cette guerre, pour qui tout se passe bien, sans histoire, mais aussi sans éclats particuliers, ceux-là même, dans l'esprit militaire, qui donnent un coup de pouce au destin, et font les choses mieux plutôt que bien.

 

p 24

 

Il a participé à la chasse faite à Abd el Kader, avec des colonnes légères et rapides. Le 16 mai 1843, en tant que colonel et à la tête de 1300 hommes, il contribue à la prise de la Smala, à Taguin. De même, en octobre 1845, de concert avec d'autres colonnes, il rayonne à partir de Miliana pour tenter de piéger Abd el Kader. En mars 1846, il était, avec le général Yusuf, près de se saisir de lui. Comme d'autres généraux, pendant que se développent les événements parisiens de 1848, il sillonne une partie de l'Algérie avec sa colonne pour y rétablir l'ordre.

Bosquet, ami et observateur privilégié de Camou, puisqu'il partage les mêmes combats et les mêmes veillées au camp, lui abandonne quelques lignes dans une lettre à sa mère qu'il a écrite, depuis Akbou, le 2 juillet, une semaine après les combats d’Ouzellaguen. Camou, à quelques mois de ses soixante ans, est peint avec les inquiétudes et les regrets d'un vieux général dont l'existence toute tracée pousse bien d'autres choses dans ses à-côtés. C'est à peine s'il s'inquiète d'obtenir le grade de général de division, qu'obtiendra Saint-Arnaud dans peu de temps et d'une façon toute particulière. Par là même, il ne semble pas concéder d'espérance trop large aux résultats personnels que pourrait lui apporter cette campagne de l'Oued Sahel[1] :

"Camou et moi, nous parlons béarnais presque exclusivement, et cela intrigue beaucoup de gens, les indigènes surtout qui savent un peu de français. Alors on leur explique que Camou et moi, nous sommes des Kabyles de France et que nous parlons notre langue, comme les Kabyles ici parlent la leur, fort différente de la langue arabe.

Ce brave général Camou ne semble pas songer à obtenir une troisième étoile ; il se plaît à me raconter comment il organisera ses vieux jours, près d' Oloron, où je dois l'aller voir quand je reparaîtrai dans le pays. A ce propos, il me raconte qu'il sera un peu seul et qu'il regrette de n'avoir pas fait une famille ; et alors il m'attaque sur cette question du mariage de la manière la plus sérieuse, pendant que je me défends en riant, ce qui lui fait lever ses deux grands bras ; mais il les ramène bientôt autour de moi de la manière la plus paternelle et la plus affectueuse. Camou est le type du soldat le plus droit, le plus simple, le plus brave, le plus estimé, le plus aimé ; c'est encore le plus vieux

 

p 25

 

et le plus beau grenadier de cette armée."[2]



[1] Il est toutefois promu le 6 février 1852 général de division, après cette campagne et celle sous les ordres de Pélissier, en Kabylie, et installé au commandement de la division d'Alger jusqu'en 1854, avant d'aller tourner une autre page de sa carrière en Crimée, cette fois sous les ordres du général Bosquet, dont la carrière s'était ralentie après 1851 pour reprendre de son rythme rapide à partir de 1853.

[2] Bosquet P., Lettres du maréchal Bosquet à sa mère, 1830-1860, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1894, p. 230-231.

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