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HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - Le déséquilibre des forces en présence

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 30 Janvier 2013, 00:20am

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

 

 

LE DÉSÉQUILIBRE

DES FORCES EN PRÉSENCE

 

p 20

 

A) Des troupes françaises à leur apogée

1) Le commandement

a) "Le brave général Camou"

b) Le général Bosquet

c) L'état—major et les officiers

2) La troupe

a) Une colonne classique

L'effectif de la colonne

b) La structure des armes

L'infanterie

La cavalerie et les goums

L'artillerie

Le génie, le train

 

B) Les forces kabyles

1) Le commandement kabyle

2) Le chérif Bou Baghla et ses cavaliers

3) Les contingents alliés

4) L'effectif armé des Ouzellaguen

5) Un armement médiocre, coûteux et insuffisant

6) "Une tribu forte par sa position difficile"

a) Le système des vigies

b) Les autres atouts défensifs

Les villages de Tazerouts, Cheurfa et Ibouziden

Les villages de Tizi Meghlaz, Ighil Gou Dlès et Ighil N'Tara

L'amphithéâtre formé par les fractions d'Ifri et de Tighilt Lahfir

c) La défense villageoise

 

p 21

 

L'inventaire des forces en présence, l'analyse des dispositions matérielles et morales ainsi que des intentions de guerre, si  ils sont abordables pour la colonne française des généraux Camou et Bosquet, restent, pour les Ouzellaguen, Bou Baghla et leurs alliés, en bonne partie inatteignables. Ces derniers ne peuvent être perçus et mesurés qu'à l'aune de leur ennemi, la colonne qui est une véritable machine de guerre.

 

A) DES TROUPES FRANCAISES À LEUR APOGÉE

 

1) Le commandement

Les troupes françaises ont pour elles deux grands avantages que sont l'unité de commandement, avec sa hiérarchisation, et l'unité d'objectifs, qui font souvent défaut aux Kabyles. Ces derniers ont longtemps cru à la divisibilité du commandement français, et ils s'essayèrent, souvent en vain, quelques fois avec succès, à créer des distorsions et des dysfonctionnements au sein de sa hiérarchie.

Le commandement des colonnes de l'Oued Sahel est confié au plus vieux des deux généraux, Camou, secondé par le général Bosquet.

En dépit des instructions que peuvent lui donner ses supérieurs, la guerre d'Afrique laisse au général une liberté de manœuvre certaine, spécialement dans le choix et l'application de formules tactiques adaptées à des situations locales variées. Le

 

p 22

 

tempérament du général n'est pas sans influence à l'échelon local qui dément souvent les objectifs généraux et précis contenus dans les instructions ministérielles ou goubernatoriales. Les combats des Ouzellaguen n'étaient pas précisément programmés dans la marche de la colonne qui devait parer à toute éventualité. C'est dans cette liberté de manœuvre que s'inscrivent le tempérament et la personnalité toute entière du général, avec son inclination au combat, son intelligence des hommes et des armes, ses mœurs militaires, ses considérations sur l'adversaire. Ils n'ont toutefois pas assez de liberté et d'autorité pour user à l'occasion d'une clémence personnelle envers ce dernier.

Les généraux Camou et Bosquet, par eux-mêmes, révèlent l'importance générationnelle des chefs militaires dans la guerre d'Afrique, qui confère un alliage de vieille et solide expérience, avec Camou, et de fougue brillante, avec Bosquet. Chacun est venu avec sa petite colonne, Bosquet avec des bataillons retirés à Saint-Arnaud en campagne dans la région de Djidjelli, après y avoir lui-même participé, et Camou, venant de la subdivision de Miliana, mis à la tête d'une colonne formée d'éléments prélevés à Alger et Aumale.

Tous deux sont unis par l'amitié, comme ils le sont aussi par l'appartenance commune à la montagne pyrénéenne, au Béarn dont ils aimaient vanter la spécificité, culturelle et linguistique.

Avec Camou et Bosquet, en 1851, ce sont deux générations de chefs de la guerre d'Afrique qui se côtoient et se relaient, l'ancienne qui poursuit encore son ouvrage et la nouvelle qui veut assurer sa montée. Ce sont aussi deux tempéraments assez différents. Et la colonne réalise une synthèse momentanée. Mais c'est aussi la fin d'une époque, celle des grandes conquêtes glorieuses, celle de ces grands généraux qui se devaient d'innover et de mettre en place les techniques de guerre et les structures d'occupation. Les opérations dont on peut s'illustrer et tirer gloire ne sont plus foison, désormais, au delà des opérations de "police". Et les jeunes généraux montrent quelquefois une sorte d'impatience ou d'irritation pour les rôles qu'on leur concède, surtout en considération de leurs aînés, qui, à ce moment, ont disparu ou ont préféré un autre destin à la faveur des événements parisiens de 1848. Et Bosquet appartient, plus précisément, à cette génération de transition, entre les gloires éponymes de la conquête et les seuls administrateurs de la génération suivante.

1851 est un moment de la conquête et un moment pour ceux qui la mettent en œuvre. La Kabylie est un de ces derniers territoires de conquête, et Bosquet figure en bonne place parmi les pressentis. Il est, pour cette raison, utile de connaître la dimension de la campagne de l'Oued Sahel et, particulièrement, des combats des Ouzellaguen, dans le fil de leur carrière.

Cependant, Camou et Bosquet ont vécu, grandi et servi dans ces moments de gloire, ainsi considérés par les leurs et qui échoient

 

p 23

 

à leurs généraux, et, accumulant l'expérience nécessaire, ils sont à même de juger et de tirer les enseignements. Leur ancienneté en Afrique est grande, surtout pour Camou qui y est envoyé, comme capitaine de grenadiers, dès 1830, et le lieutenant d'artillerie, Bosquet, s'y rend en septembre 1834. Bosquet, en dehors de Camou qui a participé aux dernières guerres napoléoniennes, à la guerre d'Europe, est un produit militaire de l'Afrique, même s'il fit ses études à Polytechnique et à l'Ecole d'application de Metz. Si Bosquet est formé dans la ligne toute tracée des écoles militaires, Camou doit ses débuts essentiellement à lui-même, saisissant l'opportunité des guerres napoléoniennes, ceci expliquant peut-être la lenteur de sa carrière.

 

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