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HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - 28 juin, acte second - Le passage à l'acte

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 18 Février 2013, 14:45pm

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

3) Le passage à l'acte

 

a) Le mouvement préparatoire de la colonne

Cette fois, il s'agit de concentrer toutes les troupes sur la partie la plus difficile des Ouzellaguen, où la résistance a été la plus vive, pour l'envelopper et enlever à ses défenseurs tout espoir futur de résistance. Il s'agit aussi de ne plus renouveler les errements d'une attaque par Ighil N'Tara qui ne manquerait pas d'être ralentie et de coûter des efforts inutiles.

Et pour tromper les Ouzellaguen, la colonne s'étire, les généraux avec l'avant-garde, fait mine d'abandonner le camp, de s'éloigner dans la direction d'Akbou et ainsi de ne pas livrer de nouveau combat. Puis, après un trajet de deux kilomètres, par un brusque revirement, la tête de la colonne fait à droite, parcourant rapidement les pentes de la fraction d'Ibouziden qui tombent assez mollement sur la plaine de la Soummam. Parvenus aux sommets des premiers contreforts, à peu de distance des premiers villages, les deux généraux Camou et Bosquet appliquent leurs dernières retouches aux dispositions d'attaque.

Pour assurer plus de cohésion aux troupes, deux colonnes puissantes sont constituées au lieu de trois dans la première journée. Chacune des deux colonnes aligne environ 2100 hommes d'infanterie. Elles ont pour mission de gravir "par deux arêtes enveloppant la partie la plus difficile et la mieux défendue de leur territoire"[1], c'est-à-dire la fraction d'Ibouziden. Le journal de marche en donne la structure et les objectifs respectifs : "Les tirailleurs indigènes soutenus par le 8e de ligne enlèveront les positions et les villages de gauche, les zouaves soutenus par le 8e léger enlèveront ceux de droite : le 22e léger reste en réserve ; il appuie les mouvements des deux colonnes et s'avance en dévastant les champs de figuiers et d'oliviers".[2]

La cavalerie n'a droit cette fois à aucune mention, c'est bien la preuve de sa valeur opératoire toute limitée dans des terrains aussi accidentés que ceux des Ouzellaguen.

 

p 113

 

b) Le coup de faucille de la colonne de gauche

"A gauche le bataillon Indigène soutenu par les trois bataillons du 8e de ligne fit merveille, il couronna au pas de course les crêtes escarpées qui dominaient les positions défendues, et rendit de la sorte inutiles les travaux exécutés en prenant leurs défenseurs à revers".[3] L'hypothèse la plus favorable sur le trajet des tirailleurs, qui ouvrent ainsi le chemin aux troupes de ligne, le fait emprunter la ligne de crête de Sidi Younès qui monte au village de Tazerouts Ihaddaden. De là, dominant tous les villages depuis le sommet de cette montagne, ledit village de Tazerouts, avec les villages de Cheurfa et d'Ibouziden, les tirailleurs tournèrent par le haut leurs défenses, forçant les contingents kabyles à lâcher prise. Mais ces derniers sont-ils vraiment restés tapis dans les villages à attendre que la manœuvre des tirailleurs s'exécute ?

Ensuite parcourant la montagne sur son flanc, les tirailleurs ont tout aussi certainement emprunté le chemin qui mène au village de Tizi Meghlaz, cette fois également par une progression à flanc de montagne. Les tirailleurs dont Camou dit qu'ils se sont illustrés par l'ascension et la prise de positions très difficiles doivent certainement cette assertion à celui qui a le plus frappé leur imagination, laissant un souvenir durable, Tizi Meghlaz. Avec lui, on peut reconnaître le village le plus haut et le plus éthéré des Ouzellaguen, Tizi Meghlaz, majestueux donjon avancé au cœur du territoire, accessible uniquement par le flanc ouest et le nord de la montagne qui le porte. Un combat s'est déroulé en son sein, au sommet ou sur les pentes directes qui le commandent, puisqu'il est spécifié d'un signe conventionnel et désigné nominalement, utilisant des caractères plus gras pour en affirmer l'importance, sur le croquis annexé au journal de marche de la colonne.

 

c) L'attaque de front de la colonne de droite

Quant à la deuxième colonne, il est nécessaire encore une fois de recourir au général Camou qui écrit qu’"à droite les Zouaves, soutenus par le 8e léger, entrèrent au pas de charge dans le village où on les attendait à 50 pas derrière des retranchements ". La colonne de droite suit la deuxième arête, ici la crête d'Ighil Gou Dlès, mais pas à l'endroit d'Ighil N'Tara comme la première fois. Le village en question est, selon une forte hypothèse, encore Ighil Gou Dlès, mais appelé du nom particulier de Ali ou

 

p 114

 

Mohamed, ainsi porté sur le croquis joint au journal de marche, nom d'un petite taddert qui lui est juxtaposée mais discontinue, formant un adrum spécifique, sur un replat au pied de Tizi Meghlaz.

 

d) Les Kabyles perdent pied

Les deux colonnes, la première par un coup de faucille de direction sud-ouest sur nord-est et la seconde par une attaque de front à partir de la ligne de crête qui forme l'axe central du territoire et qui lui permet de se déverser le cas échéant sur la fraction d'Ibouziden aussi bien que sur la fraction d'Ifri, les deux colonnes, donc, réalisèrent ainsi, à en croire le commandement français, un mouvement décisif d'enveloppement et de concentration sur la partie la plus accidentée et la mieux défendue des Ouzellaguen, se réservant la possibilité de tomber de concert sur la fraction d'Ifri :

"le mouvement concentrique se fit avec un entrain et une précision qui déterminèrent successivement tous les contingents à céder et à fuir devant notre brave infanterie"[4].

 

   

© Abdel-Aziz Sadki

mis en ligne le 15 février 2013



[1] H 213, journée du 28 juin 1851.

[2] 2 H 8, Rapport n° 105 sur la situation du pays, Tamokra, le 4 juillet 1851.

[3] 2 H 8, op.-cit.

[4] 2 H 8, op.-cit.

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