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HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - L'entre-deux-combats - L'échec des premiers pourparlers

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 18 Février 2013, 14:34pm

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

 

3) L'échec des premiers pourparlers

 

Les Ouzellaguen sont venus au camp demander l'aman, ainsi est-il

 

p 98

écrit, c'est-à-dire l'assurance du pardon et la promesse de la sécurité. Ce terme est consacré, la formule se rencontre partout dans les rapports militaires à chaque fois que se présente une situation semblable. Il n'est pas sûr du tout que les Ouzellaguen aient demandé cela, de cette façon. L'angle qu'ils ont pris pour embrayer sur la soumission est très important. Mais, encore une fois, les Français ne prêtent guère d'attention à ce qui nous retient.

De toute façon, les généraux mettent un terme aux pourparlers, selon la pratique qu'ils n'accordent l'aman non en partie mais dans son ensemble. La chose n'est pas totalement vraie, elle est aussi souvent accordée à une fraction. Cette exigence vise à soumettre totalement l'interlocuteur et le rendre à merci. En effet, ils veulent que toute la "tribu" vienne au camp. Le lieu de la reddition est choisi par le vainqueur, la démarche de soumission s'embarrasse beaucoup de principes et de formes. Les généraux veulent une proclamation solennelle qui puisse marquer les esprits. De plus, après s'être répandus abondamment pour présenter le combat du 25 comme brillant, comment justifier qu'ils puissent se satisfaire d'une soumission partielle qui ne peut que ternir l'éclat tout fragrant de la victoire ?

Les généraux renvoient les chefs venus parlementer. Ils fixent comme condition qu'ils doivent ramasser toute l'assemblée des Ouzellaguen, la djemaâ, le terme est rapporté. La reprise des pourparlers est fixée pour le lendemain 27 juin. Ainsi, ils espèrent que ceux-ci, frappés par le caractère intraitable du vainqueur, puissent fustiger et convaincre les autres, refroidir leur zèle et au bout du compte faire l'économie de nouveaux combats.

Il n'est pas exclu que les Ouzellaguen se soient déplacés pour prendre la mesure de leur vainqueur possible, cerner ses intentions en matière de soumission ou de guerre. De cette façon, ils peuvent goûter par avance l'amertume d'une éventuelle soumission, voir si elle n'est pas trop acérée et, plus généralement, juger, de visu, des dispositions morales et militaires de leur adversaire, s’il a accusé les rigueurs des combats.

La prudence et la sécurité commandent de deviner, sans faille, s'il se résout à s'éloigner, en abandonnant le pays des Ouzellaguen, et à poursuivre sa remontée de la vallée de l'Oued Sahel ou s'il reste pleinement belliqueux dans ses intentions. En effet, songe-t-il à se préparer à une nouvelle attaque, avec cette fois, peut-être, l'objectif de franchir les crêtes du Djurdjura pour poursuivre le chérif Bou Baghla et ravager les villages des At Idjer et des At Zikki ?

Ainsi, sur leurs gardes, quelle que soit l'éventualité, les

 

p 99

 

Ouzellaguen et leurs alliés se doivent d'être en mesure de donner la suite politique ou militaire qui convient à la journée du 25. Qui plus est le temps est compté. Les Ouzellaguen se sont essayés à des négociations dans l'espoir aussi de gagner du temps pour donner leur sépulture aux nombreux morts, soigner les blessés, ce à quoi ce qui restait de la journée du 25 a dû être employé, faire recouvrer leurs forces aux fantassins épuisés, fortifier de nouveau, et comme il se peut, les villages détruits et les positions de défense retenues, améliorer les abords des villages qui ont eu la chance d'échapper aux combats, en barricader les chemins et les voies d'accès.

Préparer une nouvelle bataille nécessite un renfort substantiel de contingents frais et le temps de rassembler des hommes, probablement plus éloignés encore des Ouzellaguen que ne le sont les At Idjer, les At Zikki, les Illoula Amalou ou les At Mellikeuch. Le chérif et les Ouzellaguen se sont de toute évidence dépensés dans une intense activité diplomatique pour persuader les Kabyles de l'intérieur du Djurdjura de venir leur prêter main forte.

Pour les décider, ils ont certainement fait valoir l'idée que la victoire était proche, que la journée d'hier, en repoussant l'assaut des Français, a entamé leurs forces et leur moral, mais qu'il fallait parer à leur intention possible de franchir le Djurdjura pour semer la désolation dans leurs villages. La cause pousse à la lutte, car pour la première fois où une colonne française d'importance s'aventure à caresser les cîmes du Djurdjura, à cet endroit de la chaîne, tout le monde doit se dresser contre l'envahisseur. Les Ouzellaguen, en plus, doivent demander l'application impérieuse des alliances jurées, de secours mutuel, cristallisées par l'échange de mezrags.

     

 

© Abdel-Aziz Sadki

mis en ligne le 15 février 2013

 

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