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Pourquoi une résistance si volontaire, une guerre si totale ? Quelles sont les raisons particulières qui poussent les Ouzellaguen à livrer le grand combat ?
Il est primordial d'exposer quelques unes des données de base qui mènent implacablement au fracas des armes. Avec des logiques foncières qui ne veulent céder sur rien et la forme radicale et cruelle prise par la guerre on possède deux éléments explicatifs d'ensemble.
Les Ouzellaguen sont mus par une logique foncière, que beaucoup qualifient de "tribale" à dessein ou à défaut d'autre terme, une raison d'être kabyle, rurale, montagnarde, locale, villageoise et libre qui culmine et rencontre son point d'achèvement. La société qui porte ainsi profondément sa cohérence interne, sa personnalité indépendante, porte aussi celle de son combat ; cette pertinence, pour les Ouzellaguen, vaut bien une démonstration avancée et éprouvée ils doivent se dresser à leur plus haut sommet, comme un dernier rempart. Pour les Français, aucun des traitements imaginables ne suffit à la maîtriser et contourner cette réalité s'avère impossible, il faut l'abattre car les Ouzellaguen dardent leur idée propre et rejettent complètement l'idée française. C'est en cela que juin 1851 est bel et bien un grand combat.
A) LA GUERRE D’INDÉPENDANCE KABYLE
Dans la guerre contre les colonnes françaises, les Ouzellaguen
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jouissent d'un ressort propre incontestable, leur constitution sociale et politique qui leur permet de garder une remarquable cohésion, de longues années durant jusqu'à l'heure du grand combat. En effet leur histoire linéaire antifrançaise culmine dans un grand combat qui rencontre la dimension d'une lutte plus vaste, celle de l'Islam, avec-les Kabyles, les marabouts, la confrérie de Sidi Abderrahman bou Qobberin, celle du chérif Bou Baghla, celle, toute politique, des Ighawawen, avec l'existence d'une réelle solidarité pour conserver leur indépendance et repousser "l'idée française".
© Abdel-Aziz Sadki
mis en ligne le 19 février 2013