Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - Guerre totale, guerre cruelle - Guerre de montagne, guerre de siège

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 21 Février 2013, 23:31pm

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

 

Guerre de montagne, guerre de siège

 

Les combats des Ouzellaguen forment un épisode de la guerre d'Afrique. Ils en illustrent une variante, la guerre de montagne, menée contre des populations sédentaires, à forte densité, capables de transformer le moment venu leurs habitats villageois en sites défensifs. Leur rapport avec l'espace est exclusif. Le territoire n'exige pas d'autre alternative que la défense ou la mort. Différer le combat est impensable : ou ployer, en faisant jouer le ressort de la force d'inertie, ou combattre, c'est-à-dire gagner ou mourir.

Ainsi s'explique la défense acharnée, jusqu'au-boutiste des Ouzellaguen. Il convient de garder au territoire son caractère inviolé, de lui épargner toute souillure ; l'indépendance ne peut souffrir aucune atteinte. Une population pauvre, en comparaison de ses voisines de la vallée, fière et ombrageuse, une population susceptible aussi, frondeuse, une population relativement fermée, à cause de son dispositif topographique propice à la défense et en dépit de son appartenance d'ensemble à un espace ouvert, une population qui a ainsi l'illusion d'échapper aux transformations

 

p 137

 

perverses du temps et d'être gardienne, parfaitement jalouse, de la vieille indépendance kabyle, d'une antiquité qui est toujours actuelle.

Les combats du 25 et 28 juin trouvent leur intérêt particulier et leur importance par le fait qu'ils offrent d'une guerre de position, fondée sur des objectifs topographiques, d'où son importance. La victoire s'offre aux Français dès lors qu'ils réussissent à transformer la manœuvre générale en combat de mouvement. Les troupes françaises reprennent leur avantage marquant et font perdre du même coup aux Ouzellaguen et à leurs alliés leur position liée aux dispositions du terrain, au maillage des chemins et du réseau villageois. Elles se présentent sur les hauteurs, "la tête des Kabyles", coupant leurs arrières, rendant inopérants et vulnérables les retranchements et fortifications qu'ils avaient exécutés. Tirant les enseignements de la première journée du 25 juin, les généraux Camou et Bosquet cherchent à faire reprendre au combat une tournure classique, toute maîtrisée et sans surprise. Les faits se décident alors pour un camp et non pour l'autre.

En somme, il est permis de dire qu'il s'agit avant tout du combat des Ouzellaguen. Le combat trouve sa force dans l'enracinement des Ouzellaguen à leur sol, dans le fait qu'ils soient rivés à leurs villages et à leurs champs et à leurs crêtes. C'est une guerre d'indépendance, une guerre territoriale, force nucléaire qui existe naturellement entre les Ouzellaguen, force de cohésion entre les Ouzellaguen rivés à leur territoire, toutes deux renforcées par l'importance du danger. C'est la chance dont peut bénéficier aussi une lutte de plus grande envergure, animée par un Bou Baghla, qui peut espérer trouver en des Ouzellaguen des gens qui se battent pour des intérêts clairs, évidents, immédiats et surtout, suprêmes et sacrés. Bon nombre d'indices le révèlent.

La conjoncture du combat est défavorable aux Ouzellaguen, la phase maximale de l'insurrection est passée. Il est question de la contre-offensive française, qui veut s'attaquer, en remontant la vallée de l'Oued Sahel, aux débris de l'insurrection. Or, l'intérêt du combat, auquel obligent les Ouzellaguen, n'est pas celui d'une population soumise qui se serait insurgée. C'est une population qui mène la guerre avec conscience, car jusqu'au jour même du combat les Ouzellaguen sont toujours indépendants. Aussi, se battent-ils en même temps pour leur propre compte dans le cadre d'une lutte générale.

 

 

 

© Abdel-Aziz Sadki

mis en ligne le 22 février 2013

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents