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HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Ouzellaguen 25-28 juin 1851 - Autopsie d'un grand combat - Annexes 1

Publié par Abdel-Aziz Sadki sur 22 Février 2013, 00:57am

Catégories : #Histoire des Ouzellaguen

 

p 183

 

 

ANNEXES

 

 

p 184

 

 

 

 

 

 

A) Rapport du général Camou sur les combats du 25 juin 1851.

B) Rapport du général Camou sur les combats du 28 juin 1851.

C) Extrait du journal de marche de la colonne de l'Oued Sahel, combats des Ouzellaguen.

D) Situation politique de l'Algérie, par le gouverneur général par intérim, Pélissier, 15 juillet 1851.

E) Situation politique de la subdivision de Sétif, juin 1851.

F) Situation politique de la subdivision de Sétif, juillet 1851.

G) Contributions de guerre imposées par la colonne Camou aux populations kabyles.

 

p 185

 

 

 

 

 

A) Rapport du général Camou sur les combats du 25 juin 1851

"Armée d'Algérie                                                                                                                          Azib ou Safsaf, le 26 juin 1851

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Colonne de l'Oued Sahel,

n° 100,

Situation du pays.                                                                                                                                   

Rapport sur le combat                                                                                                                             Mon Général,

du 25 chez les

Ouzellaguen.                                                                                                                                                                                   

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Copie avec croquis                   Depuis le jour de sa déroute, le Chérif a innondé le pays de lettres mensongères, expliquant que le Chrétien allait s'en retourner et que  de très nombreux contingents lui arrivaient des Zouaoua et du Sebaou. Toutes les mesures étaient prises pour obtenir entre nous et Bougie, ou entre nous et Setif un succès quelconque, si nous n'avions pas très solidement lié entre elles les tribus pour consolider nos deux lignes d'opérations sur Bougie et sur Sétif.

En partant de Bougie et en remontant la vallée, nous avons pu remarquer que le chérif avait mis a profit le temps nécessité par notre ravitaillement et nos opérations autour de la place, et que déjà. le haut de la vallée à partir de Fenaya avait oublié ses défaites et le croyent redevenu fort. Il fallait faire un exemple, et ma colonne marcha sur les B. Immel, où le cherif se trouvait sans autre contingent sérieux que les 60 ou 70 chevaux qui l'accompagnent.

Le 18 juin, jour ou nous bivouaquâmes sur l'Od Amacin, prets a entrer le lendemain chez les B. Immel, une reconnaissance de

 

p 186

 

cavalerie déboucha sur la rivière entre les Senhadja et les B. Immel, et aperçut à 2 lieues 1/2 environ, dans le pays de ces derniers, le chérif entouré par les fantassins de cette tribu et en conférence avec eux. Nous avons vu depuis qu'il tachait de leur expliquer la nécessité qui l'appelait ailleurs, précisément au moment où notre colonne se rapprochait. La reconnaissance de cavalerie fit tout son possible pour le forcer à engager le combat : elle brula sous ses yeux les moissons de cette tribu qu'il avait promis de défendre, mais malgré ces démonstrations le Cherif tournant le dos à la troupe française, partit au grand soleil et abandonna les Beni Immel.

Pendant 5 jours, nous avons brûlé et saccagé le pays de ces derniers sans qu'ils aient eu le courage de se défendre = l'exemple a porté ses fruits et le cherif a été obligé de se retirer du pays des B. Mançour, Tifa [Tifra] et Beni Oughlis, tribus qui bordent l’Od  Sahel en face des B. Immel, ces populations lui ayant fait mauvaise mine et lui ayant reproché sa mauvaise foi vis-à-vis de ces derniers.

Les Bi Mançour, Tifra et Beni Oughlis sont venus se soumettre pendant ce tems la.

Le cherif qui ne se retire que pied à pied ayant su que les Mcisna, Mellaha, les gens de l'Arach, les Beni Aïdel eux mêmes étaient en pourparlers de soumission a été obligé de se réfugier sur la rive gauche et d'y rester. Il s'est arrêté chez les Ouzellaguen bien que cette tribu soit encadrée entre les Beni Oughlis qui ont fait soumission et les Illoula qui tous les jours entourent si ben aly chérif le suppliant de rentrer en se battant d'ailleurs contre les partisans de Bou Baghla.

Il ne fallait pas laisser même ce refuge au cherif quoiqu'il eût de 1. retraite chez les Beni Hidger (Zouaouas). Ces Ouzellaguen qu'une colonne française n'avait jamais visités comptaient quelques partisans de notre autorité. Mais la plus grande masse, induite par les brillants mensonges et l'audace du cherif, l'avaient reçu, avaient accepté la protection et juré de se défendre avec lui : pour preuve de leurs résolutions, ils avaient gardé dans leurs villages leurs femmes, leurs enfans et leur mobilier. Le Chérif qui, depuis le 1' juin, n'avait pu obtenir contre nous, de résistance armée de q.q. valeur, attendait beaucoup de la présence des familles pour exciter les hommes à bien faire.

Hier 25, nous sommes venus bivouaquer chez les Ouzellaguen, au pied de leur pays, dans la plaine d'Azib ou Safsaf. Vers 8 h. du matin, une avant-garde composée de la cavalerie et de mon baton de Zouaves, a aperçu sur les premiers mamelons, un rassemblement de 500 fantassins environ, réunis autour du petit goum du chérif. L'avant-garde a pris position dans l'espérance de forcer le chérif à combattre ; en effet Bou Baghla a été obligé de tenir sa promesse aux Ouzellaguen. On ajoute aujourd'hui qu'il eut été très-dangereux pour lui de chercher à faire retraite personnellement, les Ouzellaguen étaient très soupçonneux et prêts

 

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à se saisir de lui, s'il ne payait de sa personne. C'est en effet, ce qu'il a paru vouloir faire, mais il n'a pas réussi pour cela, les Ouzellaguen qui ont été rudement battus et ont eu tous leurs villages pillés et brûlés.

A midi et demi, 7 batons sans sacs, deux pièces de montagne avec des canonniers privés de mousquetons à tige, l'escadron de spahis et le goum, ont enveloppé le territoire de cette tribu et ont obtenu sur elle un succès si complet que les Zouaves, qui en se retirant, formaient l'arrière-garde, n'ont pas eu un seul coup de fusil à tirer et n'en ont pas reçu un seul. Cependant nous nous retirions du milieu des villages en feu et sur des sentiers semés de cadavres d'hommes et de chevaux tués à l'ennemi.

Voici le détail de la journée, trois colonnes furent formés : à droite un bataillon du 8e léger et les tirailleurs sous le commandement du colonel de Cambray, au centre les trois bataillons du 8e de ligne et 2 obusiers sous le commandement du colonel Jamin, à gauche les Zouaves et le Bon du 22 léger sous le commandement du Lt Colonel Le Rouxeau ; enfin à l'extrême gauche, la cavalerie devait gagner par les pentes le terrain sur lequel se montrait le petit goum du chérif ; les instructions étaient que les colonnes de gauche devait tacher de déborder la droite de l'ennemi et de les rejeter dans les ravins qui auraient été ensuite fouillés par les colonnes du centre et de droite, la colonne du centre ayant d'ailleurs pour point objectif le village d'Iril n'Tara, occupé par les contingents dans le cas ou l'ennemi se déroberait à sa droite, on devait pour prouver, une fois de plus, que Bou-Baghla ne tient pas devant nous, le pousser l'épée dans les reins, mais les colonnes devaient rester liées et la colonne de gauche, surtout, appuyer la cavalerie qui ne pouvait rien d'efficace toute seule.

Le mouvement commença, en même temps par la gauche et par la droite. La colonne du centre qui avait le moins de distance à parcourir ne commença sa marche que 20 minutes environ après les autres. Le Général Bosquet me secondant, j'en pris la direction.

La cavalerie régulière et le goum par un rapide mouvement de rabattement sur les pentes arriva promptement sur le plateau étroit de Iril n'tara ; là ils se trouvèrent en présence du chérif et de ses cavaliers : ils chargèrent résolument, malgré ses belles promesses aux Ouzellaguen, le chérif tourna bride et protégé par ses cavaliers dont plusieurs furent tués, il dut contourner le ravin, et il ne s'arrêta avec ses gens qu'a un plateau sous le col d'Akefadou ; la charge de mes cavaliers ne se prolongea pas au delà de 3 kilom. : ces braves gens furent obligés de s'arrêter sous les murs d'un village d'où partait un feu nourri, je ne saurai trop louer le sang froid et la fermeté avec lesquels ils ont su garder la position qu'ils avaient conquise : une partie, mettant pied à terre, a fait ferme contre les Kabyles qui ont en vain voulu les déloger ; cependant les Zouaves et le 22 léger arrivaient rapidement, et le village contre lequel la cavalerie s'était butée, fut enlevé d'un seul élan ; le 22e léger poussa

 

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même jusqu'au village d'Ibouziden.

Pendant ce temps avec la colonne du centre, j'arrivai au village d'Iril n'Tara ; un demi Bon y resta et le brula ; le colonel Jamin descendit avec un Bon et 1/2 à mi côté pour dévaster et brûler ; je conservai avec moi et je me fis suivre par le 3e Bon du 8e de ligne, et l'artillerie, et je me dirigeai vers la colonne de gauche, le Gal Bosquet et moi, nous marchâmes toutefois plus rapidement que l'infanterie en prenant pour but la fusillade que nous entendions.

Mais pendant que nous prenions ces dernières dispositions, la colonne de gauche se trouva malheureusement un peu éparpillée ; les Zouaves tinrent ferme dans leur position, mais les Compies du 22e léger, qui emportées par trop d'ardeur s'étaient avancées jusqu'à Ibouziden furent assaillies par de nombreux contingents et durent battre en retraite ; le S.Lt Duvernois du 22e léger y fut tué, c'est a ce moment que j'arrivai sur le village occupé par les Zouaves, je fis avancer le 3e Bon du 8e de ligne, commandé par le chef de Bon Preincey, pendant que cet officier supr prenait ses dispositions d'attaque, quelques salves d'artillerie, d'obusiers, préparèrent son mouvement ; le 3e Bon se jeta dans le ravin, en gravit la pente opposée et sous une vive fusillade plongeante, il enleva les villages d'Ibouziden et d'Ifri qui furent immédiatement livrés aux flammes : les Kabyles se réfugièrent sur les pentes abruptes du Djebel Ifri, et la fusillade du 8e de ligne les en chassa encore ; en cette circonstance, nos soldats on eu affaire a des ennemis résolus et qui n'ont pour ainsi dire cédé le terrain que pied à pied. Le Commdt de Princey a dirigé ses hommes avec habileté et résolution ; a l'enlèvement du village d'Ifri, le capitaine de voltigeurs Billot a reçu une balle dans le ventre , le 3e Bon du 8e de ligne énergiquement conduit s'est élevé d'un seul coup au niveau des deux premiers ; il a aussi habilement évacué la position qu'il avait ardemment acquise, mais dans cette opération, le Commandant de Preincey a été blessé ; la balle qui a trouvé [troué ?] les chairs de l'épaule droite, ne le mettra pas heureusement long-tems hors de combat : il a été remplacé dignement par le capitaine Mareux.

Les colonels de Cambray et Jamin achevaient dans le ravin la mission qui leur avait été confiée : la colonne de droite, seule, engagée en q.q. instans sérieusement avec des Kabyles embusqués, a eu 2 tués, dont 1 officier, Ben Dris, lieutenant de tirailleurs indigènes.

A 6 h. tous les villages de Ouzellaguen pillés et brûlés, toutes les colonnes commencèrent leurs dispositions de retraite : les Kabyles rudement châtiés, n'osèrent nous poursuivre et nos troupes se replièrent sur le camp sans être inquiétées ; je vous ai signalé plus haut ce fait saillant, à 8 h. les queues de colonne rentraient au bivouac.

Les pertes de l'ennemi sont nombreuses ; la cavalerie a sabré plusieurs cavaliers et fantassins dans la charge sur le Chérif je n'ai pu apprécier exactement celles que l'infanterie a fait

 

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subir aux Kabyles parce qu'ils ont pu emporter les morts de la fusillade, mais de nombreuses traces de sang ont révélé l'étendue de leurs pertes.

Nous avons perdu 2 officiers et 4 soldats tués : les officiers sont le Ss Lieutenant Duvernois du 22e léger et le lieutenant B. Dris des tirailleurs indigènes ; nos blessés se montent a 3 officiers et 20 soldats ; les officiers blessés sont : le chef de Bon de Princey et le Capitaine Billot du 8e de ligne et le lieutenant Lhotte du 22e léger, ce dernier légèrement.

Toutes les troupes ont fait leur devoir, mais je me plais à citer le 3e baton du 8e de ligne, l'escadron de chasseurs et le goum : sous la conduite du commandant de Princey, du capitaine Charrabas et du capitaine Augereau, ces braves gens ont fait merveille.

Ce rapport est déjà bien long, mon Général, cependant je ne puis le terminer sans vous dire combien j'ai été satisfait du concours du Gal Bosquet, qui, particulièrement a bien voulu prendre en main, la conduite de l'arrière-garde : je me plais à citer les officiers de son état-major et du mien qui se sont acquités avec zèle et intelligence des missions pénibles dans des terrains très difficiles, je signale surtout le Capitaine d'Et-mr Besson qui me rend les plus grands services.

A l'heure où je vous écris, les Ouzellaguen ont fait feux des propositions           : Si Ben Ali Cherif qui vient d'arriver à mon camp leur a écrit : nous verrons ce qui en adviendra – Je laisse en tout cas se reposer mes troupes aujourd'hui.

Si Ben Ali Cherif donne de bonnes nouvelles des Beni Aïdel et des Illoula dont plusieurs l'ont accompagné ici, il se loue beaucoup des Beni Abbes, de leur esprit, de la manière dont il est traité chez eux, des services qu'il en reçoit tous les jours.

On annonce que le Cherif aurait été coucher chez les B. Idjer, mais nous sommes présentement trop près de la journée d'hier où il a été forcé de fuir devant les sabres de nos cavaliers, pour que je puisse avoir déjà des données sur le point où il s'est retiré et sur ses intentions ultérieures. L'état sanitaire de ma colonne est parfait, il est vraiment extraordinaire qu'a cette époque de l'année, nos troupes n'aient pas plus de malades. J'ai des vivres jusqu'au 6 juillet, j'ai pris des mesures pour pouvoir me ravitailler après cette époque au camp des B. Mançour.

[…]

P.S. J'ai le regret de vous annoncer que le capitaine Billot du 8e de ligne vient de succomber à la blessure grave qu'il a reçue dans le combat d'hier, il était le frère du Commandant Billot Commandt supr de Sebdou assassiné en 1845.

Je vous envoie ci-joint le plan de l'affaire dessiné par le capne d'Et mor Balland.

27 au matin – J'ai évacué ce matin mes blessés sur Bougie : les Ouzellaguen sont arrivés à mon camp ; je dois attendre ici mon convoi d'évacuation ; ce temps me suffira pour organiser leur pays : ils m'ont dit avoir enterré 30 morts, avoir beaucoup de blessés ; le cherif a perdu quatre de ses cavaliers : les

 

p 190

 

Ouzellaguen ajoutent que les contingents venus à leurs secours ont aussi fait de grandes pertes, mais dont ils ne peuvent préciser les chiffres."[1]

 



[1] 2 H 8.

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