Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

HISTOIRE DE L'ALGERIE

HISTOIRE DE L'ALGERIE

Sont présentées ici des recherches historiques sur l'Algérie du XIXème siècle et de manière générale sur le Maghreb et la France. Aux recherches s'ajoutent des points de vue, des notes de lecture et des instruments de travail.


Six grands chefs "indigènes" algériens en 1860

Publié par Aziz Sadki sur 1 Octobre 2012, 22:03pm

Catégories : #En butinant sur le net

SIX GRANDS « CHEFS INDIGÈNES » ALGÉRIENS EN 1860

 

Six chefs algériens photographiés en 1860

Une photographie cueillie dans le blog de Lalla Ghazwana : http://www.zohramaldji.fr/blog/?gallery/souvenirs-dhier-et-daujourdhui/images-d-autrefois/image-49

 

La légende porte :

« Chefs de tribus décorés de la Légion d'honneur à l'occasion du voyage de Napoléon III en Algérie - 1860

Debout de gauche à droite :

Abdel kader Ben Daoud, agha de Tiaret - Si Mohamed Saïd Ben Ali Chérif, bachagha de Chellatta, conseiller général de Constantine, Si Slimane Ben Siam, Agha de Miliana

Assis, de gauche à droite :

Si Tahar Ben Mehiaddin, bachagha des Slimani - Ben Yahya ben Aïssa bachagha du Titteri - Bou Alem Ben Chérifa, bachagha des Djendels ».

 

La photo est particulièrement intéressante. Malgré les apparences, ce ne sont pas de simples « chefs de tribus », avec une tonalité exotique, y compris dans le costume. On a un groupe de chefs algériens parmi les plus considérables du milieu du XIXe siècle, même s’il en manque quelques uns, comme des membres des Awlâd Muqrân ou des Awlâd Sîdî al-‘Arîbi. Ils ont en commun d’être tous au service officiel des Français, auprès de qui ils briguent un commandement élevé.

            ‘Abd al-Qâdir ben Dawûd, agha de Tiaret, est issu du maghzân turc oranais. C’est un homme de guerre, particulièrement redouté, successeur d’Al-Mazâri et du général Mustapha ben Isma’îl. Sî Slimân ben Siam, agha de Miliana, appartient au même univers. S’il est moins guerrier, il n’en réussit pas moins une ascension exceptionnelle dans un autre domaine.

Bû ‘Alâm ben Sharîfa, basha-agha des Djendel, près de Miliana, a quitté l’allégeance à l’égard de ‘Abd al-Qâdir de longue date et a réussi à évincer son frère aîné Sharîf ben Sharîfa, pourtant très entreprenant. Personnalité inquiète, il réussit à traverser toutes les embûches.

Ben Yaya ben ‘Isâ, bash-agha du Titteri est le plus âgé de tous. Il est immergé en profondeur dans les luttes politiques de l’Algérie médiane et en particulier du Titteri, entre Alger et le Sud Saharien. C’est une personnalité puissante, difficile à manœuvrer et elle- même très manœuvrière.

Sî Tahar ben Mahî ad-Dîn (décédé en 1866) est d'extraction maraboutique. Il doit se contenter du titre de bash-agha des Beni Slimân, en Basse-Kabylie, ce qui est une rétrogradation par rapport à son frère titulaire de celui de khalîfa jusqu’à sa mort en 1852. Sî Mahfûd, autre frère, cherche pour sa part à préserver le prestige de la zâwiyya familiale, une des plus considérables du pays.

            Sî Muhammad Sa’îd ben ‘Alî Sharîf, chef de la zâwiyya de Chellata, sur le revers Sud du Djurdjura, dont la réputation s’étend au-delà même de l’Algérie, en particulier en Tunisie, vient de réussir sa conversion en homme de maghzân après bien des années d’hésitation. Il est désormais bash-agha et conseiller général de Constantine.

Aucun d’eux n’a cependant rang de khalîfa : le titre n’est plus à l’ordre du jour de la domination française : trop symbolique, car il consacre une relation personnelle de haut rang avec le détenteur suprême du pouvoir, et trop élevé. L’objectif est de les contenir à un degré inférieur, même si il est encore assez élevé pour ne pas entamer trop crûment leur horma. Ils reçoivent ici la Légion d’honneur à l’occasion du premier voyage de l’empereur Napoléon III en Algérie, en 1860. C’est comme un tableau de chasse pour l’empereur, qui a de surcroît besoin d’une « noblesse arabe » pour étendre sa cour impériale.

            Apparemment, ils sont tous regroupés derrière la domination française et, pour l’heure, derrière l’empereur des Français, comme dans un pacte personnel. Les cinq premiers ont eu fort à faire avec ‘Abd al-Qâdir. Tous ont en commun d’avoir partie liée d’une manière ou d’une autre avec le mouvement chérifien algérien. Certains à des niveaux étonnants. La position écartée du groupe, séparée par la rampe d’escalier, de Sî Slimân ben Siam n’est peut-être pas fortuite. Pour le moins, une connivence est en train de naître entre eux ou de se renforcer, qui échappe pour beaucoup aux Français.

 

Aziz Sadki

mis en ligne le 1er octobre 2012

modifié le 10 novembre 2012

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Alors là, bravo pour cette analyse qui va complètement à rebours de l'histoire officielle algérienne et de son idéologie doctrinaire qui a définitivement condamné les grandes familles algériennes car souvent certains des leurs furent décorés par le pouvoir colonial. alors même qu'ils n'avaient guère abdiqué au fond d'eux-mêmes et élevé leurs enfant dans la haine de l'occupant tout en agissant avec diplomatie avec celui-ci et que celui-ci redoutait de les faire basculer dans une opposition active néfaste à sa domination. Ces seigneurs pratiquaient la duplicité car ils avaient certainement fort à perdre, comme ont tant perdu de leurs semblables qui s'opposèrent frontalement aux forces françaises. Mais nous autres Algériens nous pratiquons une histoire des bons et des méchants à l'aune de la pensée imposée par le pouvoir politique socialo-révoloutionno-islamico d'un régime corrompu et corrompant notre mémoire collective. Au coeur de cette falsification, un complexe d'infériorité engendrant une haine de classe par ceux qui issus de familles analphabète ont voué aux lettrés, aux aisés qui n'ont pas à rougir des martyrs qu'il ont donné eux aussi à la libération du pays, mais qu'on ne veut surtout pas reconnaître, par cette haine de classe qui ne s'et jamais avouée comme telle. Le régime algérien issu de la paysannerie, pauvre et analphabète en général, s'est quant à lui largement servi des richesses du pays à son seul et éhonté avantage. Merci cher historien d'éclairer avec beaucoup de nuance, de distance l'histoire si complexe de notre nation.
Répondre
D
deux livre important explique avec precision et detail entre les lignes bien sur le changement de camp, de ces personnages qui n`ont rien de pqtriotique<br /> le Livre de l`Agha Mazari sur l`hitoire d`Oran<br /> et e livre de El-mouchrifi sur l`histoire d`oran<br /> aussi un 3eme traduit par el Maahdi el Bouabdelli (pas le ministre aucun lien de parente).<br /> Retrace les evenement qui ont conduit se changement de camp une sortie de trahison par ignorance et manipulation d`origine juif a trouver entre les lignes
Répondre
L
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> <br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après<br /> 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200<br /> harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société<br /> française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude<br /> Honnorat.<br /> <br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian<br /> n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)<br /> <br /> Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
Répondre
M
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre réponse.<br /> <br /> En effet, notre Histoire est aussi riche que complexe et les choses ne sont pas toujours faciles à définir, surtout quand il y a des personnes qui souhaitent la placer dans des "cadres" qu'ils ont<br /> définis et si l'on y touche, elles crient au crime de "lèse-Etat".<br /> <br /> Or, il faut bien faire la part des choses, et les jugements hâtifs sont pour la plupart le fait des gens ignorants de tout, ou même de ceux qui ne le sont pas, car c'est facile d'ignorer ce dont on<br /> ne veut pas parler. Mais cela fait le malheur de beaucoup de gens qui souffrent en silence, ou pas, de ce déni ou de ce rejet.<br /> <br /> L'Histoire, quelle qu'elle soit n'est jamais simple, et il ne faut jamais la simplifier, car un jour, elle nous reviendra à la figure.<br /> <br /> Comme vous avez dû le remarquer, dans la galerie photos de mon site, j'ai mis beaucoup de personnages qui, en leur temps, ont marqué des pages d'histoire, même si c'était au temps de la France.<br /> <br /> D'une certaine façon, c'est leur rendre hommage et les sortir des oubliettes.<br /> <br /> Merci pour votre belle contribution.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Zohra Maldji
Répondre
B
<br /> <br /> Nous sommes d'accord.<br /> <br /> <br /> Bonne continuation.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ces précisions concernant ces chefs sont des plus intéressantes et nous en apprennent un peu plus sur notre histoire.<br /> <br /> Je vais rajouter ces informations sur mon propre site, ce qui l'enrichir à un peu plus.<br /> <br /> Merci pour ces belles pages de notre histoire, le plus souvent méconnues.<br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> Zohra Maldji
Répondre
B
<br /> <br /> Merci pour votre commentaire. Il faudra d'ailleurs revoir totalement l'histoire de ceux que les Français pendant la période coloniale ont nommés "chefs indigènes". Leur histoire n'est pas aussi<br /> simple qu'il n'y paraît, ni aussi manichéenne. J'espère y contribuer dans un temps pas trop éloigné. Les Algériens doivent se méfier à leur tour des jugements hâtifs et non prouvés, du genre : ce<br /> sont des "traîtres" etc.<br /> <br /> <br /> Aziz Sadki.<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents